Quel bilan environnemental pour le recyclage des piles ?
Chaque année, 270 000 tonnes de piles et de batteries sont mises sur le marché. Un recyclage adéquat est indispensable pour limiter leur impact écologique, qu'il soit lié aux risques de pollution engendrés par la présence de métaux lourds ou à la nécessité de préserver des ressources naturelles rares. Les enjeux sont nombreux et la filière s'adapte pour proposer des solutions efficaces. De la collecte à la valorisation des matériaux, quel bilan environnemental pour le recyclage des piles ?
L'impact positif du recyclage des piles sur l'environnement
Réduire la pollution de l'air, des sols et de l'eau
En 2022, plus de 1,5 milliard de piles et accumulateurs ont été vendus en France, selon le ministère de la Transition écologique. Si une majorité de ces produits en fin de vie est collectée pour être recyclée, une partie échappe au processus. 18 % des piles usagées partiraient encore aux ordures ménagères ! Mises en décharge, elles contaminent les sols avec des métaux lourds, tels que le plomb, le zinc, le nickel, le cadmium ou le mercure. En cas d'incinération, ces substances se retrouvent dans l'atmosphère. Or, les métaux lourds sont particulièrement nocifs pour l'environnement : biopersistants, ils perturbent les écosystèmes en s'accumulant dans la terre, les eaux de surface et la chaîne alimentaire. Certains d'entre eux, cancérigènes, représentent un danger important pour la santé humaine. Recycler les piles et les batteries usagées, c'est réduire les risques de pollution de l'air, des sols et de l'eau.
Récupérer les métaux critiques
La conception des piles nécessite le recours à des matériaux précieux (zinc, fer, nickel, cobalt ou lithium) dont l'exploitation affecte l'environnement. Les carrières, d'où ils proviennent, génèrent la destruction de milieux naturels. L'extraction de ces ressources exige, par ailleurs, d'importantes quantités d'eau. Peu présentes en Europe, elles sont importées depuis l'Asie, l'Afrique ou l'Amérique du Sud, occasionnant un bilan carbone lourd. Grâce au recyclage, 78 % du poids d'une pile peut être réutilisé sous forme de métaux ou d'alliages ! Ainsi, la ressource naturelle est préservée, l'énergie liée à l'exploitation des gisements économisée et le transport des matières est évité. Dans le cadre du programme France 2030, la stratégie nationale sur les batteries affiche l'objectif d'atteindre, en 2031, des taux de récupération de 80 % pour le lithium et de 95 % pour le cobalt, le plomb, le cuivre et le nickel.
Contribuer à l'économie circulaire en valorisant les matériaux du recyclage
L'économie circulaire vise à combattre le gaspillage et encourage l'augmentation du taux de recyclabilité des produits pour économiser les ressources. Elle lutte contre l'obsolescence programmée et le tout jetable en valorisant le réemploi et la réutilisation. Chaque année, 5 000 tonnes de métaux issus du recyclage des piles sont réinjectées dans l'industrie.
Les limites actuelles du recyclage des piles
Une utilisation importante d'énergie
Les procédés de traitement et de séparation des matériaux dans les centres de recyclage sont énergivores. Il faut parfois atteindre les 1 500 °C pour isoler les différents composants d'une pile. En Europe, le secteur du recyclage des batteries représente une part significative de la consommation énergétique industrielle, bien que des efforts soient faits pour utiliser des sources renouvelables durant cette phase de traitement.
Des émissions liées au transport
Le recyclage nécessite une logistique complexe. Les piles doivent être collectées, triées, puis transportées vers des entreprises spécialisées. Ce transport, souvent réalisé par camion, génère des émissions de gaz à effet de serre, surtout dans les régions où les infrastructures de recyclage sont centralisées.
Un taux de collecte encore insuffisant
Malgré la présence de 65 000 points de collecte en France, le taux de récupération des piles usagées, qui s'élève à environ 48 %, reste trop faible. De nombreuses piles usagées finissent encore dans les déchets ménagers, où elles ne sont ni triées ni recyclées. Cela réduit l'efficacité globale de la filière de recyclage et augmente les risques liés à la mise en décharge ou à l'incinération des piles.
Améliorer le bilan environnemental du recyclage des piles
Innover dans les technologies de recyclage et de conception
Le processus de recyclage des piles nécessite un traitement à haute température dans des fours à pyrolyse. Cette technique s'avère énergivore. Pour pallier ce problème, une entreprise allemande développe actuellement une méthode de recyclage « à froid » qui exige 70 % d'énergie en moins. L'empreinte carbone est ainsi réduite de 40 %. Ce procédé, qui affiche un taux de recyclage de 85 % des batteries, semble très prometteur.
Parallèlement, des innovations, comme la batterie lithium-souffre, permettraient de s'affranchir de l'utilisation du cobalt et du nickel, tandis que d'autres technologies pourraient offrir une meilleure densité énergétique et une durée de vie supérieure à nos batteries.
Sensibiliser pour renforcer la collecte
Les campagnes de sensibilisation auprès du grand public sont essentielles pour améliorer le taux de collecte des piles usagées. Pour que le recyclage devienne un réflexe du quotidien, la multiplication d'opérations spécifiques ou la mise à disposition de supports pédagogiques s'avèrent efficaces. Cependant, faciliter les gestes de tri et encourager davantage de particuliers à recycler leurs piles implique également la disponibilité et l'accessibilité des points de collecte.